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Rien de surprenant l'impunité est assurée par des juges corrompus
Publication le Nouvel Observateur du 26 février 2009 Pages : 62 , 63 , 64 , 65

reprend contact avec X. Y., au nom du cabinet Dussaucy. Elle cherche des «éléments» sur Besancenot et sa compagne : les comptes bancaires. «J'ai trouvé la demande à la fois surprenante et anodine », dira plus tard X. Y. pendant son interrogatoire. Et qu'est-ce qui surprend le fonctionnaire délégué X. Y ? Qu'un cabinet privé lui demande ce «service» ? Qu'on porte atteinte aux libertés ou à la vie privée ? Pas du tout. Ça, c'est ce que X. Y. trouve « anodin ». Sa surprise vient de la Porsche Cayenne. X. Y. ne pensait pas que Besancenot pouvait être si riche. Il affirmera s'être borné à regarder si « les comptes ne dysfonctionnaient pas » et s'il existait des crédits, notamment un crédit automobile. Il aurait ensuite transmis par téléphone les réponses -négatives – au cabinet Dussaucy. « J'aurais fait pareil», lance benoîtement le collègue qui a servi d'intermédiaire. X.Y a toutefois pris la précaution de «passer au broyeur » la demande de la jeune femme. C'est elle aussi qui a pris les photos volées où l'on voit Besancenot sortant de chez lui, son gamin sur les épaules. L'ensemble de sa mission a été facturé 14 000 euros. Elle dit : «Je l'ai fait par gentillesse pour Gérard [Dussaucy], je n'aime pas travailler sur les personnalités médiatiques » Elle a 32 ans, a fait des études de comptabilité : son compagnon travaille dans le renseignement.

Sentiment d'impunité totale

Aux Douanes, un autre fonctionnaire pianote le nom de «Besancenot » sur Ficoba, un fichier chaud qui recense les millions de comptes ouverts en France, notamment pour la Direction des Impôts. Lui dit avoir été contacté par « un informateur Je sais que c'est limite mais c'était un échange de services ».
L'« informateur » en question enquête comme sous-traitant pour Dussaucy. Lui aussi est un ancien policier. Lui aussi travaille dans un cabinet privé, en région parisienne. Lui aussi est membre de l'association Perspective 21.
Un autre officier, à Mantes-la-Jolie cette fois, explique, de son côté, avoir fait « une dizaine de recherches », dont une sur Besancenot, à la demande d'un ex-collègue. « R m'appelle, me laisse un numéro. Je lui retéléphone dans l'heure qui suit. » Il n'est pas le seul. « Ce copain sollicite de la même façon tous ceux qui ont travaillé avec lui. »
De son côté, à Lyon, un policier croit avoir noté que la compagne de Besancenot dirige un journal et qu'ils vivent dans les beaux quartiers : il se met à son tour à vérifier dans les fichiers, «par curiosité intellectuelle ». Et voilà que, de Honfleur à Bergerac, de Bobigny à Valence, c'est un listing d'une quarantaine de policiers que révèlent les contrôles informatiques de consultation des fichiers lancés dans le cadre du dossier. Tous se sont connectés sur

L'affaire TASER - Antoine Di Zazzo tirant avec un Taser

Juin 2007. Olivier Besancenot écrit sur son blog que le pistolet à impulsion électrique Taser « Aurait probablement déjà fart taire plus de 150 personnes aux USA», des chiffres tirés d'un rapport d'Amnesty. International.

Octobre 2008. Mise en examen du directeur de Taser France, Antoine Di Zazzo, soupçonné d'atteinte à la vie privée d'Olivier Besancenot

Novembre 2008. La société SMP Technologies, qui importe le Taser en France, perd son procès en diffamation contre Olivier Besancenot

Janvier 2009. Michèle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur, saisit une commission spécialisée afin de déterminer si la commercialisation du Taser auprès du grand public est ou non légale.

le nom de Besancenot. « Inutile de rappeler qu'aucune enquête officielle n'est en cours contre Olivier Besancenot pouvant justifier ces recherches, dit Antoine Comte, son avocat. Que dire du respect des libertés aujourd'hui si les policiers qui sont censés les protéger sont les premiers à les bafouer? »
Dans le bureau de l'IGPN, l'interrogatoire se

« LES AGENTS SAVENT QUE CHACUNE DE LEURS CONSULTATIONS EST TRAÇABLE. POURTANT ILS N'HÉSITENT PAS À LE FAIRE. »

poursuit pour le brigadier-chef, venu du Sud-ouest. Avec qui est-il en contact ? Un cabinet privé ? Mais un autre encore ? Lui finit par s'énerver : «Je n'ai rien fait dans cette affaire Je suis blessé d'être accusé, malgré mes états de service irréprochables Je suis honnête » Ses protestations n'ont pas étonné grand monde dans la police. « Les agents savent que chacune de leurs consultations est traçable. Pourtant ils n'hésitent pas à le faire, souvent avec un sentiment d'impunité totale, explique un commissaire. Pour eux, la barrière morale est d'autant plus faible qu'ils ont l'impression de rester du bon côté de la ligne rouge. La plupart du temps, le "service" leur est demandé par une connaissance ou un cabinet, pas par un délinquant notoire Ou bien ils considèrent que le sujet des recherches est, à tort ou à raison, quelqu'un dont la société pourrait avoir des raisons de se

méfier. Les deux choses se cumulent souvent. » Sylvie Feucher, du SCPN (Syndicat des Commissaires de la Police nationale, majoritaire, droite), estime de son côté qu'il va de toute façon «falloir trouver un modus vivendi avec les boîtes d'intelligence économique autour des fichiers». Depuis longtemps, des cabinets privés protestent contre le fait que les compagnies d'assurances aient accès, par exemple,aux données sur les cartes grises et pas eux « Un gros lobby est en train de s'organiser », explique un autre inspecteur.

Dans l'appartement de Gérard Dussaucy, une version du rapport d'enquête « confidentiel », remis à Antoine Di Zazzo, a été trouvé sur une clé USB. Tout y est ou presque sur Besancenot, les filatures devant son immeuble dans le Paris populaire, l'immatriculation de la Peugeot 106, l'adresse de l'école de son fils, les comptes bancaires, le trajet et les horaires du leader du NPA, la couleur de l'imperméable de sa compagne quand elle rentre le soir, « un panier de courses à son bras». «Je n'ai jamais demandé à Dussaucy de les espionner Il a voulu nous épater », a dit Di Zazzo aux enquêteurs. Des chèques, pour 40 000 euros environ, ont été interceptés. Mis en examen, tous deux sont présumés innocents comme les quatre autres personnes poursuivies, la jeune femme et trois policiers. Entre-temps, le 24 novembre 2008, Antoine Di Zazzo a été débouté de son procès en diffamation contre Besancenot. Lequel maintient ses accusations contre le pistolet Taser.

FLORENCE AUBENAS